Entre rave et réalité, les musiques électroniques à Lyon dans les années 90.
- juin 12, 2025
- by
- Pauline
L’exposition plonge les visiteurs au cœur de la scène musicale électronique à Lyon dans les années 90. Composée de plusieurs sections, elle met également en lumière les acteurs essentiels de l’époque (clubs, djs, labels, radios, disquaires et fanzines) qui ont joué un rôle clé dans sa diffusion. À travers des centaines de flyers et objets emblématiques, elle retrace cette époque effervescente, marquée par la résistance des autorités et l’émergence d’une scène qui fait aujourd’hui la renommée de la ville.
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La naissance des raves
Indésirables dans les discothèques, c’est donc ailleurs que les musiques électroniques vont devoir se jouer. Entrepôts, gares désaffectées, châteaux, espaces en plein air mais aussi salles spécialisées : les raves vont investir des lieux insolites et tenus secrets jusqu’à la dernière minute pour passer sous le radar des autorités. Ces soirées au format inédit rassemblent un public nouveau, dans une atmosphère de tolérance totale et absolue. Ne se retrouvant ni dans la musique ni dans l’ambiance des boîtes de nuit, les ravers viennent faire la fête jusqu’au petit matin dans des lieux décalés et détournés de leur fonction première.
Organisées par des collectifs plus ou moins constitués, ces soirées se multiplient en France et autour de Lyon. On s’y retrouve en appelant une infoline trouvée sur un flyer de soirée, en suivant un puissant faisceau lumineux dans le ciel ou tout simplement en se donnant un point de rendez- vous.
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Contexte politique
Les raves deviennent très vite la cible d’une répression massive par les autorités de l’époque avec des annulations, arrestations et mises sur écoute de ravers. Dès 1993, Lyon et sa région sont devenus un véritable laboratoire pour la répression, accentuée par le lobbying de l’Association des Discothèques Lyon et Région qui oeuvre pour l’interdiction de ces événements. Voyant d’un mauvais œil cette nouvelle concurrence, l’ADLR fait pression sur le préfet afin qu’il interdise toute soirée comportant les termes « techno, discotronic, dream »
S’ensuivent des années noires pour les musiques électroniques à Lyon avec une vague d’arrestations et d’annulations de raves. En 1995, la diffusion nationale de la circulaire “Les soirées raves, des situations à hauts risques” marque un tournant pour les musiques électroniques, invitant les autorités locales à interdire systématiquement toute soirée techno. Les raves ne peuvent alors se tenir que dans la clandestinité et l’illégalité.
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L’évènement POLARIS
Portée par le succès de la 2ème édition du festival techno Boréalis dans les arènes de Nîmes en 1995, la Tribu des Pingouins (organisateurs originaires de Montpellier) rêve d’une édition hivernale à Lyon : Polaris. S’associant au producteur Tutto va Bene et Arachnée concerts, ils imaginent une soirée hors norme à la Halle Tony Garnier le 24 février 1996 : Carl Cox, The Prodigy, 4 I.Q. et 6 autres DJs doivent se succéder de 20h30 à 6h devant des milliers de personnes. Une programmation qui ne verra pourtant jamais le jour.
Les autorités émettent un avis défavorable à l’encontre de plusieurs soirées techno autorisées par la Ville de Lyon dont Polaris. L’annulation de cette soirée provoque l’indignation des participants, qui se rassemblent en centre ville pour manifester, certains venant de loin, voire de l’étranger.
C’est aussi une prise de conscience pour le monde de l’électro : pour défendre leurs droits face aux vagues d’annulations, ils vont devoir se fédérer. Au lendemain de l’annulation de Polaris, 150 personnes répondent présentes pour une réunion qui deviendra la première assemblée générale de l’association Technopol : “pour la reconnaissance de la culture, des arts et musiques électroniques”.
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Expostion du 2 avril au 31 octobre 2025
Bibliothèque de la Part-Dieu, La Galerie – Lyon 3e
https://www.bm-lyon.fr/nos-blogs/entre-rave-et-realite
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