Le geste et le temps de Nawelle Aïnèche

  • août 29, 2023
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Entre poésie, mysticisme et science-fiction, à 33 ans, l’artiste transdisciplinaire Nawelle Aïnèche interroge la matière corporelle et son origine. Elle utilise les arts vivants pour questionner le spectateur et qu’il reçoive ces émotions corporelles. A découvrir, en juin, aux Subsistances.

Une artiste lyonnaise ? En tout cas, la voici désormais sédentarisée à Lyon ou presque. Depuis près d’un an, Nawelle a son atelier à Vaise. Un open studio partagé avec des artistes – architecte, marionnettiste, animateur en stop motion… L’artiste se réjouit de pouvoir poser son métier à tisser, rue du Bourbonnais. Depuis 2013, ses cartons ont été déballés à Lyon et y restent : « L’histoire du tissage de la ville est en bonne corrélation avec mon travail. Ailleurs, ça n’aurait pas la même résonance ». C’est aussi, ici, qu’elle s’est épanouie. Sa rampe de lancement : une bourse « Création en cours » de 12 000 euros portée par le ministère de la Culture. De quoi s’acheter un métier à tisser, et attaquer une résidence à la Taverne Gutenberg. Mais elle ne sait pas se poser longtemps. La voici déjà repartie en résidence « L’envers des Pentes », pour cet été.

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Née en Seine-Saint-Denis, l’artiste plasticienne a grandi en Auvergne. Ce sont les études qui l’ont menée à Lyon, pour suivre le diplôme des métiers d’art costumier de la Martinière.

Puis c’est à Dakar qu’elle part, durant quatre mois, pour apprendre le tissage grâce à une bourse de la Fondation Culture et diversité en partenariat avec l’Unesco. C’est d’ailleurs à partir de cette expérience qu’elle commencera son exploration autour de tissages de bandes magnétiques de VHS. Un travail qui sera présenté au Grand Palais en 2019 pour l’événement « Révélations ».

Jusqu’au 10 juin, cette jeune maman démarre une série d’expositions autour de la matrice et des origines, à Migennes dans l’Yonne. Un thème qui sera aussi travaillé à Lyon, lors d’une installation sonore in utero aux Subsistances le 3 juin, dans le cadre de la journée Bleu amour. « J’ai été enceinte, puis j’ai avorté après avoir eu un premier enfant, et me suis intéressée à l’utérus, cet organe léger comme de la soie et dur comme de la pierre, qui détermine la place de la femme dans la société, entre utérus baladeur et hystérie », raconte-t-elle, faisant référence à Platon et Freud. Aussi, l’artiste a souffert d’amnésie jusqu’à son adolescence : « J’ai eu l’impression d’avoir eu ma première naissance via ma mère, et une 2e
à 15 ans ». C’est sans doute ce qui explique un travail axé sur le traumatisme, l’ancrage corporel et les émotions vécues à travers le geste, retranscrit en 2022 dans son œuvre « Entre ». Mais aussi un travail sur le vide, « une connotation pas forcément négative qui interroge l’expérience de matière reliant deux êtres, une matière en tension qui attire autant qu’elle suscite le rejet ». Une démarche artistique que Nawelle aime rapprocher de Marina Abramović, dont le processus est plus important que le résultat. « Un process imprégné de lenteur, que j’appelle le temps organique. Pour ça, je fais confiance aux matières premières que j’utilise, même si tout ne peut être maîtrisé. Je viens de l’artisanat d’art et sais que, même si on a une impression d’acquis, il y aura toujours de quoi nous mettre en danger, ce qui donne de l’adrénaline ». Nawelle met aussi en avant le fait que Marina ne fait pas semblant pendant ses performances et présente son vécu sans facette. Une sincérité qu’elle apprécie également chez Louise Bourgois. « J’aime cette idée qu’on vient chercher en soi quelque chose pour en faire un élément universel. On y arrive très bien dans la chanson, mais dans l’art contemporain, c’est plus complexe ». Une quête à découvrir très prochainement aux Subsistances !

nawelleaineche.com

 

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texte Léa Borie – photo Didier Michalet

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