Les paysages énigmatiques de Clément Montolio

  • août 11, 2025
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Clément Montolio fait de l’intime un territoire vaste comme l’horizon. Le peintre figuratif, invité récent de la galerie Françoise Besson, dessine des paysages « intranquilles » dans lesquels l’immersion est immédiate. Ses ateliers croix-roussiens sont le refuge où il se laisse porter par l’inspiration née d’une photo ou d’un document en vue d’une future exposition.

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À première vue, Clément Montolio assume cette allure discrète des artistes qui préfèrent les ateliers aux estrades, les pigments aux projecteurs. Loin des turbulences du monde de l’art contemporain, ce Lyonnais trace un chemin singulier, empreint de retenue, d’exigence et de profondeur. Pourtant, dans la cité des Gaules, son nom circule comme une confidence précieuse entre galeristes avertis et amateurs éclairés. Baptisée Et le songe entre nous est comme un horizon, son exposition proposée en mars dernier à la galerie Françoise-Besson, qui le représente à Lyon depuis 2003, a confirmé cette réputation, rencontrant un public touché par la sincérité de son œuvre à rebours du spectaculaire. Forêts, plages, montagnes, vallées, ciels, étendues d’eau, cabanes, arbres, fleurs… Ses paysages dépouillés, dénués de toute présence humaine et proches du monochrome incitent le spectateur à s’interroger. Clément Montolio défend une peinture silencieuse, exigeante, humble. Une peinture qui ne s’impose pas, mais se révèle peu à peu à celui qui accepte de se prêter au jeu. Il la qualifie lui-même d’onirique. « Je n’ai pas dans mes œuvres le désir d’interpréter le monde et de le retranscrire littéralement, explique l’artiste de 66 ans. La peinture n’entre pas en concurrence avec le réel, mais peut parfois résonner avec lui. Ce que l’on voit dans mes tableaux, ce n’est pas un sujet, plutôt un espace créé avec un minimum d’effets dans lequel le visiteur écrit sa propre histoire ».

Inspiré par des maîtres comme Olivier Debré, Félix Valloton et Myriam Kane, Clément Montalio s’entoure des photographies de ses voyages ou offertes par des amis pour inviter l’inspiration dans l’un de ses deux ateliers lyonnais de la Croix-Rousse. « Je simplifie les formes et me laisse porter par l’attrait pour une couleur qui n’est pas emblématique du réel, précise l’artiste à l’ascendance espagnole. Je peux peindre sur des papiers de petits formats comme sur des toiles de grande ou de moyenne taille ». 

Avant de consacrer son œuvre aux paysages, cet amateur de poésie, notamment celle de Saint-John Perse, a dessiné des figures humaines, déjà sur fond de nature. « Le paysage est resté, parce qu’il exprimait, à lui seul, la présence de cette figure, précise le Lyonnais. C’était une sorte de redondance, de duplication que de mettre les deux ». Aujourd’hui, le paysagiste explore une autre forme d’expression. Il se forme à la sérigraphie au sein de l’atelier Chalopin, dans le 7e arrondissement de Lyon. « Une expérience passionnante qui m’apporte une grande liberté », confesse-t-il. Une nouvelle corde à l’arc créatif de cet homme qui, après avoir débuté son parcours artistique en 1984 par la gravure sur bois et la taille-douce apprise à l’atelier Alma de la rue Burdeau, a toujours peint.

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