Marc Desgrandchamps : un peintre qui figure l’instant

À LA FOIS MONUMENTAL ET FRAGMENTÉ, TRÈS VIVANT ET PRESQUE ÉTHÉRÉ, L’UNIVERS PICTURAL DE MARC DESGRANDCHAMPS CAPTIVE ET S’APPRIVOISE. DE NOMBREUSES EXPOSITIONS PASSÉES ET À VENIR SONT CONSACRÉES À SES ŒUVRES DIALECTIQUES. RETOUR SUR LE PARCOURS FÉCOND DE CE PEINTRE ET GRAVEUR LYONNAIS.

Auteur : Charlotte Pilou
Photo : DMKF, Didier Michalet & Karen Firdmann

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C’est dans son brut, mais plaisant atelier du quartier de Perrache que Marc Desgrandchamps s’adonne à son activité picturale. Un lieu imprégné depuis près de 20 ans par les odeurs d’huile et de gouache et enveloppé par des airs classiques, de jazz, de ska ou d’émissions radiophoniques, car l’artiste travaille en musique. « J’aime la qualité de vie de Lyon ; pour moi qui suis sensible au cadre, cette ville est au carrefour de sites très différents », confie ce natif de Sallanches qui a beaucoup bougé du fait de la carrière administrative de son père.

Enfant, bien qu’il ne baigne pas dans un milieu artistique, la bibliothèque familiale est fournie en recueils de peintures qu’il se plaît à contempler. Par ailleurs, son goût pour le dessin fait germer l’envie d’une carrière dans la bande dessinée qu’il délaisse vite pour se tourner vers l’art moderne et le cursus des Beaux-Arts de Paris. « J’ai longtemps dessiné des représentations figuratives et narratives sur papier avec des craies grasses, se remémore Marc Desgrandchamps.La peinture me paraissait compliquée. J’ai peint ma première toile à 25 ans et j’ai depuis une constance, une forme de détermination qui fait que j’ai toujours un tableau en cours ».

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Sa première exposition collective importante se tient à la Maison de la culture de Saint-Étienne en 1985 : « J’étais proche d’artistes stéphanois et il régnait à l’époque une émulation autour du Musée d’art moderne et contemporain ». C’est là qu’il vend ses premières peintures, dont l’une fait partie de la collection de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne. Un pas est franchi en 1995 quand la Galerie Zurcher lui consacre sa première exposition personnelle marquante et le représente. Cette collaboration va durer 20 ans; la prestigieuse galerie parisienne assurant la diffusion de sa production auprès des collectionneurs. Au fil des années, ses petites et grandes toiles, ainsi que ses lithographies, supports qu’il affectionne, sont exposées au Musée d’art contemporain de Lyon, au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, au Musée des beaux-arts de Rennes, au Centre Pompidou, mais aussi en Allemagne et en Chine.

Sa pratique picturale a connu des évolutions. « Car la matière bouge… Pendant une période, mes peintures étaient plus fluides, avec des dégoulinures, elle est aujourd’hui plus matérialisée », analyse Marc Desgrandchamps. Son univers est cependant peuplé de constantes, comme l’attention à la lumière, les personnages féminins et le site extérieur. L’artiste peint par étape, le fond, le lieu et les « figures décisives », jouant de la transparence et de la surimpression. « J’interroge le regard, plongé dans un monde que j’essaie d’appréhender : que perçoit-il ? Comment les choses apparaissent… Il m’est ainsi venu avec les années l’idée de rendre durable l’instant ». Ses œuvres s’inspirent de photographies, de films, de livres… « L’art se construit à partir de l’art et le point de départ est souvent un stimulus visuel, un contraste, un éclairage, notamment la lumière du sud », précise le peintre. D’où l’importance du bleu intense, entre ciel et mer, dans ses tableaux.

Actuellement, des œuvres sont exposées à Leipzig. Marc Desgrandchamps prépare en outre une exposition pour septembre à la Galerie parisienne Lelong & Co, qui le représente désormais. Il réalise aussi les dessins d’un carnet de voyages sur Barcelone pour la marque Vuitton, à paraître en 2020.

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